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Sans Pays Fixe
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15 décembre 2005

le divorce à la japonaise ou une série télé d'aujourd'hui

Ici, ce qui scotchent les Japonais à leur poste de télé, ce n'est pas les reality-shows comme en France mais les feuilletons télévisés qu'on nomme ici "dorama", transcription en katagana de drame. En effet, ce n'est pas toujours aussi gai que les dessins animés de notre enfance avec Goldorak ou Candy ou encore Gigi qui se transforme avec sa baguette magique (souvenirs, souvenirs...) mais cela ressemblerait plutôt aux télés novelas sud-américaines style santa Barbara mais avec moins de paillettes et moins loin, fort heureusement, bref en général, ce sont des histoires de la vie quotidienne des Japonais.
Il va sans dire qu'il faut avoir un peu baigner dans l'apprentissage du japonais pour comprendre le fil de l'histoire ou les petites subtilités des situations mais ensuite, c'est une formidable façon d'appréhender un peu la mentalité d'un peuple à la réputation si hermétique et mystérieux.

Je viens de voir le dernier épisode de mon dorama la semaine dernière et c'est trop triste car maintenant, je ne vais plus attendre avec impatience le jeudi soir à 21h le début de "jukunen rikon", autrement dit "le divorce à l'âge mur" sur la chaîne Asahi Terebi.

jukunenrikon1Ce qui m'a attiré avant tout c'est le côté décalé par rapport aux autres fictions télévisés avec les mêmes histoires d'amours frustrées. En effet, comme le titre l'indique clairement, c'est l'histoire d'une famille dont la mère d'environs 50 ans décide de divorcer de son mari, exemple même du salaryman japonais, qui vient de prendre sa retraite! Bref, ça déménage!

les scénaristes font voler en éclat certains stéréotypes: la femme au foyer demande le divorce, s'émancipe et devient vendeuse dans un magasin de décoration d'intérieur, le mari de la fille ainée la trompe avec une jeune femme dépensière, le fils tombe amoureux d'une femme divorcée avec un enfant et la dernière fille de 23 ans tombe enceinte d'un jeune rocker aux cheveux plus blonds que ceux de Kurt Curbain.

Le père de la famille Toyohara interprété par Tetsuya WATANABE passe par toutes les émotions: surprise de l'annonce du divorce, colère, tristesse, résignation et compréhension. Il conserve durant toute la série ce côté psychorigide japonais: n'extériorise pas ses sentiments, mentalité conservatrice voir traditionaliste : moi, l'homme je travaille et la femme élève les enfants qui doivent m'obéir, etc. Mais par la force des choses, il évolue aux fils des épisodes et peu à peu s'intégre au monde actuel et à ses moeurs dont le monde du travail l'avait complètement écarté. Dans le dernier épisode, il reçoit une lettre lui indiquant sa candidature pour une mission de bénévolat à l'étranger a été acceptée.

Il y a des scènes très drôles par exemple, lorsqu'il descend les poubelles pour la première fois (de sa vie?) et son voisin retraité le sermonne pour ne pas avoir trié ses ordures (je vous avais dit que c'était super important le tri au Japon, on rigole pas avec!), ou encore, lorsqu'il doit faire la cuisine tout seul, scène catastrophe digne de celle du film "le journal de Bridget Jones". C'est difficile la vie de célibataire...

La mère interprétée par Keiko MATSUZAKA est parfaite, douce, aimable, à l'écoute de ses enfants mais aussi déterminée et courageuse dans ses choix de vie. Tout à fait consciente des difficultés et des déchirements inévitables qu'entraîne ce divorce, elle décide de vivre sa vie pleinement, de réaliser les projets qui lui tiennent à coeur et de ne plus tenir le rôle effacé de la femme modèle à la maison d'autant que les enfants ont grandi.

Finalement, tout se termine, quand même, par une happy end... pour les enfants de la famille: l'ainée se réconcilie avec son mari qui lui demande pardon à genoux et lui achète un beau sac de marque, le fils épouse la femme divorcée dans un grand hôtel avec la bénédiction du père, et le rocker vient demander la main de la dernière au père en faisant mille courbettes et en employant les expressions de politesse d'usage: "Veuillez je vous prie d'accorder la main de Midori et la charge de l'enfant de votre fille".

5_1_Au dernier épisode, Monsieur Toyohara et son ex-épouse se retrouve une dernière fois dans la baie de Tokyo en face du Rainbow bridge pour se dire au revoir, lui partant à l'étranger, et oui, tous les morceaux ne peuvent pas se recoller, cela donne à la série un peu de poids et de réalité, cette qualité particulière qui touche le spectateur. De plus, le jeu tout en retenue des acteurs expriment subtilement tout l'amour et le respect mutuel qu'ils portent encore l'un pour l'autre mais aussi la tristesse de cette rupture. Mais, ils ont l'air tellement sereins et radieux (comparé au début de la série) que le spectateur ne peut qu'imaginer un avenir enrichi d'expériences nouvelles et de lendemains heureux à l'aube de leur 50/60 ans.

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Commentaires
W
Au Vietnam, les femmes autour de moi aiment bien les series de ce genre aussi et les 'meilleures' series seraient coreennes. Les series chinoises sont celles en costumes d'epoque ou bien d'un genre plus marque (policier, comedie). Tout ce qui vient de Coree est actuellement considere comme une reference en matiere d'habillement, de chansons, de facon de vivre (les femmes qui travaillent, qui conduisent des voitures...)<br /> Pour ma part, je les trouve mievres, bourrees de cliches et encore loin de secouer un certain ordre etabli comme dans ta serie japonaise. Mais elles sont une fenetre sur un monde plus moderne auxquelles les Vietnamien(ne)s aspirent.<br /> Il n'y a actuellement aucune serie japonaise qui passe sur les chaines vietnamiennes. <br /> C'est vrai que c'est rafraichissant d'etre dans un continent encore epargne par la tele realite. Mais les concours de chansons envahissent les programmes (le pere de Tuan adore ca!) et la Roue de la Fortune, le Juste Prix et d'autres jeux me rappellent les midis et les soirs ou la famille Lam regardait les memes emissions en France, 15 ans avant.
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