Festival

Je me demande pourquoi les bandes annonces des films de Sofia Coppola ne me donnent pas du tout envie d'aller voir le film? Toutes les bandes annonces, j'exagère, je n'ai pas vu ou j'ai oublié la bande annonce de Virgin Suicides.

La bande annonce de Lost in Translation, le sujet même du film: deux Américains à Tokyo ne semblait une aberration en soi, assurément traité avec les poncifs habituels: les trains bondés japonais, les jeunes en costplay au parc de Yoyogi, les Japonais qui mangent des sushis, sont froids, distants, bizarres... Sofia, j'avais tellement aimé Virgin Suicide, cette si belle, si cruelle et si triste chronique d'adolescence, pourquoi vas-tu donner une énième vision déformée et déformante du Japon?
Mais lorsque je l'ai vu, je prie un gros coup de massue sur la tête, j'ai été soufflée par cette intelligence du regard et du propos sur la vacuité de nos existences, que l'on soit ici ou ailleurs, finalement...quel est le but? La vision de Tokyo et des Tokyoïtes n'est pas touristique, ni désobligeante, plutôt amusante. Le vrai propos de l'histoire c'est la relation intime qui se noue entre les deux personnages, leurs errances communes, attendrissantes.

Et puis arrive le Festival de Cannes 2006. Je ne peux pas m'empécher de le suivre même si je ne suis plus en France et même si je n'ai jamais mis les pieds à Cannes, j'ai vu des dizaines de fois les marches du palais, la salle de projection, les palaces, les palmiers dans les pages des magazines de ciné, dans les reportages quotidiens de toutes les chaînes nationales. Comment je repère les films que je vais m'empresser d'aller voir en salles ou dont je vais attendre avec impatience la sortie en automne. Le suspense le soir de la remise du palmarès, les déçus, les surprises, les heureux. Le Festival de Cannes est pour moi, ce que le Tour de France et Roland Garros sont pour d'autres, un évènement incontournable.

Vu sur le site du Monde, la bande annonce de Marie Antoinette de Sofia Coppola et là encore, c'est trop, trop perruqué, trop riche américain de la côte Est qui vient s'encanailler au pays de Versailles et de Pigalle. J'ai même vu le sosie du micro chien de Paris Hilton en train de léchouiller une tartelette framboise chantilly sur un canapé, rien que ce plan, ça me désespère. Et puis, prétendre qu'on veut coller à la réalité historique, assumer ses décalages musique rock et costumes d'époque...désolé, aucun de ces arguments ne me donne envie.
Je n'ai aucun souvenir des détails de l'Histoire de France que j'ai étudié à l'école. A l'évocation de Marie Antoinette, je dis: Autrichienne, Reine de France, petite ferme à Versailles, Révolution française, 1789, décapitation (fallait pas être reine!).
J'ai très certainement une réaction psycho chauvine, trop portée par mes sentiments lorsqu'on parle de choses dont je me sens proche: La France, le Japon, la Chine, entre autres.
Enfin, je ne livre là que ma première impression de l'écho cannois du nouveau film de Sofia Coppola. Peut-être serai-je aussi agréablement surprise qu'avec Lost in Translation. Mais au fond de moi, je ne pense pas. Lost in Translation avait remporté quand même de meilleures critiques à sa sortie.

Je suis à la fois contente et fière que la Chine soit si présente, que le Président du jury soit Wong Kar-wai, un de mes réalisateurs préférés: j'ai adoré Happy Together et In the Mood for Love mais, j'ai pas du tout compris le dernier 2046.
En parlant de cinématographie chinoise et critique de film, l'un des films chinois en compétition s'appelle Summer Palace de Lou Ye. Cela-là, j'ai très envie de le voir, pas seulement parce que l'histoire se déroule à Beijing mais parce qu'il a recueilli deux critiques dialétralement opposées, une très élogieuse dans Libération et une assez lapidaire dans Le Monde. Bref, cela me donne très envie de me faire mon propre avis sur le film...mais quand passera-t-il au Japon si un jour, il y passe???